Retour de Bujumbura : bâtir une paix numérique avec et avec la jeunesse
- canadayps
- Apr 24
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Du 14 au 18 avril 2025, la Coalition canadienne Jeunesse, paix et sécurité (CCYPS) a eu le plaisir de participer à un atelier de cinq jours à Bujumbura, au Burundi. Cet atelier a été coorganisé avec l’Initiative pour l’autonomisation et le leadership des jeunes (Youth Empowerment and Leadership Initiative – YELI), avec le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). La CCYPS y était représentée par Katrina Leclerc, conseillère de la Coalition, et Simone Mbodé Diouf, Jeune ambassadrice pour la paix de l’Union africaine pour l’Afrique de l’Ouest et partenaire de longue date de la CCYPS.
Cette semaine d’activités a rassemblé 50 jeunes leaders et bâtisseur(e)s de la paix pour explorer les intersections entre technologies numériques, participation politique et consolidation de la paix—en mettant particulièrement l’accent sur les risques et les possibilités que présente l’intelligence artificielle (IA) dans un contexte électoral. Pour rappel, le Burundi tiendra les élections des députés, des conseillers communaux et des sénateurs dans le courant de l’année 2025.
Zoom sur l’agenda Jeunesse, Paix et Sécurité
L’atelier a débuté par une immersion dans l’agenda international Jeunesse, paix et sécurité (JPS), notamment à travers les résolutions 2250, 2419 et 2535 du Conseil de sécurité des Nations Unies mais aussi du cadre continental JPS de l’Union Africaine. Animées par Katrina et Simone, les premières sessions ont permis de relier ces cadres globaux et continentaux aux efforts naissants du Burundi, qui vient de lancer sa propre stratégie nationale JPS.
Les participant(e)s—issu(e)s du Réseau des associations burundaises actrices en éducation aux médias et à l’information (RABEMI) ainsi que d’organisations dirigées par des jeunes—ont réfléchi collectivement aux moyens de traduire ces engagements internationaux en actions locales. Leurs échanges ont révélé une forte volonté de s’approprier l’élaboration de politiques publiques inclusives et de renforcer des approches de paix durables, ancrées dans le leadership des jeunes.
IA et désinformation : enjeux d’une ère numérique
À l’approche des élections de juin 2025, le risque de manipulation numérique prend une ampleur préoccupante au Burundi. Les sessions animées par la CCYPS sur l’IA et la désinformation ont outillé les participant(e)s pour analyser de manière critique les contenus numériques—qu’il s’agisse de deepfakes, de bots ou de biais algorithmiques, en passant par les lacunes en matière de régulation éthique.
À travers des modules interactifs, les participant(e)s ont exploré des exemples concrets d’usages de l’IA, tant pour propager la désinformation que pour y répondre. Avec l’appui de l’équipe de facilitation, ils et elles ont questionné la gouvernance numérique mondiale, les voix absentes dans les débats sur l’IA, et les responsabilités des jeunes dans la construction d’un usage éthique et localement ancré des technologies.
De la théorie à l’innovation : prototypes technologiques pour la paix
Un moment marquant de l’atelier fut la co-création d’initiatives numériques pour la paix. Sous forme de compétition amicale, les jeunes ont présenté des prototypes variés : chatbots répondant aux rumeurs électorales en kirundi et en français, campagnes de vérification communautaire soutenues par l’IA, ou encore vidéos animées déconstruisant des fake news virales.
Chaque projet a été évalué non seulement pour sa créativité, mais aussi pour sa capacité à incarner les cinq piliers de la résolution 2250 : participation, protection, prévention, partenariats, désengagement et réintégration. L’enthousiasme, la pertinence et la capacité d’innovation démontrés ont souligné le rôle clé des jeunes dans la défense de la démocratie et de la paix.
Renforcer les partenariats interrégionaux
La dernière journée de l’atelier a été consacrée au passage des idées à l’action. Les participant(e)s ont élaboré des campagnes pour lutter contre les discours de haine, la désinformation et la manipulation numérique—surtout dans des contextes politiquement sensibles. Ces initiatives étaient fondées sur les principes d’engagement critique, de non-violence et de littératie numérique. En parallèle, des discussions ont été amorcées pour la création d’une coalition nationale JPS au Burundi, conçue comme un espace de collaboration durable, d’apprentissage entre pairs, et d’influence politique portée par et pour les jeunes.
La participation de la CCYPS à cette initiative—grâce aux contributions de Katrina Leclerc et de Simone Diouf—illustre la valeur des partenariats interrégionaux dans le domaine JPS. En mettant en relation des jeunes leaders provenant de contextes divers, l’atelier a renforcé les principes du pilier « partenariat » de la résolution 2250 : favoriser la solidarité internationale par l’apprentissage mutuel, l’échange de savoirs et la co-construction de solutions ancrées à la fois dans les réalités locales et les engagements globaux.
English version:

Reporting Back from Bujumbura: Building Digital Peace with Youth
From April 14–18, 2025, the Canadian Coalition for Youth, Peace and Security (CCYPS) was excited to take part in a five-day workshop in Bujumbura, Burundi, co-organised with the Youth Empowerment and Leadership Initiative (YELI) and supported by the Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Representing CCYPS were Katrina Leclerc, advisor to the Coalition, and Simone Mbodé Diouf, African Union Youth Ambassador for Peace for West Africa and long-time partner of the CCYPS.
This week-long engagement brought together 50 youth leaders and peacebuilders to explore the intersections of digital technology, political participation, and peacebuilding—focusing particularly on the risks and potential of artificial intelligence (AI) in an electoral context. As a reminder, Burundi will hold elections for deputies, municipal councilors and senators during the year 2025.
Youth, Peace and Security in Focus
The workshop opened with a deep dive into the global Youth, Peace and Security (YPS) agenda, including United Nations Security Council Resolutions 2250, 2419, and 2535, as well as the African Union’s Continental Framework on YPS. Facilitated by Katrina and Simone, the sessions connected these frameworks to Burundi’s emerging efforts to implement its own (newly launched!) national YPS strategy.
Participants—representing the Réseau des associations Burundaises actrices en éducation aux médias et à l'information (RABEMI) and various youth-led organisations—engaged in discussions on how to translate these international commitments into local action. Their reflections underscored a strong appetite for inclusive policymaking and sustainable peacebuilding rooted in youth leadership.
AI and Disinformation: Challenges in a Digital Age
As Burundi prepares for upcoming elections in June 2025, the threat of digital manipulation has become increasingly urgent. CCYPS’s sessions on AI and disinformation equipped participants with tools to critically assess the digital landscape—from deepfakes and bots to algorithmic bias and ethical regulation gaps.
Through interactive modules, participants explored real-world examples of how AI can be used both to spread disinformation and to counter it. Together with the team of facilitators, they debated who gets to shape digital norms, whose voices are missing from global AI governance, and how young people can lead the way in ensuring ethical, locally grounded tech use.
From Theory to Innovation: Youth-Led Peace Tech Prototypes
A standout component of the workshop was the practical co-creation of digital peace initiatives. In a friendly competition format, youth participants presented group prototypes ranging from chatbot messages that respond to fake electoral rumours in Kirundi and French, to AI-powered campaigns for community verification, and animated videos that deconstruct viral disinformation.
Each thematic proposal was evaluated not only for creativity but for how well it embodied the five pillars of UNSCR 2250: participation, protection, prevention, partnerships, and disengagement and reintegration. The energy and innovation displayed in these pitches demonstrated the critical thinking and leadership youth are already exercising to protect peace and democracy in their communities.
Strengthening Inter-Regional Collaboration
The final day of the workshop focused on transforming insights into action. Participants developed youth-led campaigns to counter hate speech, disinformation, and digital manipulation—particularly in politically sensitive contexts. These initiatives were grounded in principles of digital literacy, critical engagement, and non-violence. In parallel, discussions began around the establishment of a national YPS coalition in Burundi, envisioned as a platform for sustained collaboration, peer learning, and policy engagement by and for young people across the country.
CCYPS’s participation in this initiative—through the contributions of Katrina Leclerc and Simone Diouf—demonstrates the value of inter-regional YPS partnerships. By connecting youth leaders from varied contexts, the workshop reinforced the core tenets of the “partnership” pillar of Resolution 2250: building global solidarity through mutual learning, knowledge exchange, and co-creation of solutions grounded in local realities and global commitments.
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